현대 퀘벡영화에 나타난 탈-가족소설

Abstract

Heinz Weinmann, historien québécois, pour qui le cinéma reflète l’imaginaire humain, considère le roman familial comme un des sujets obsessifs des films québécois, ceci dû à l’histoire des défaites répétées comme la Conqû̂̂̂ete anglaise de 1760, la défaite des Patriotes de 1837-1838 et le Référendum deux fois raté. Notre étude consiste à analyser trois films contemporains de Québec, Les invasions barbares (2003), Mémoires affectives(2004) et Incendies(2011), configurant la narration du post-roman familial.

Le peuple québécois a prouvé ses attaches à la «Terre Québec» depuis l’Habitation de Québec par Champlain(1608) en considérant que l’identité nationale se déterminait spatialement. Mais dans les trois films que nous avons analysés, la «Terre Québec» n’est plus un espace dont un peuple pourrait affirmer la propriété. D’ailleurs, les premiers habitants de cette terre n’étaient pas les Québécois d’origine française, mais les Indiens, puis aujourd’hui des immigrants d’origines diverses commencent à s’y installer. Nos trois films montrent que la «Terre Québec» est un espace existentiel au sens heideggérien où peuvent coexister non seulement des peuples d’origines diverses, mais aussi l’homme et la nature.

Nos trois films ont un discours à double structure superposant le passé et le présent ; discours de la génération des parents et celui de celle des enfants. Ceux-ci vivent intentionnellement coupés du passé qui leur évoque inévitablement leur père. Dans Les invasions barbares, le fils vit à Londres, loin de Montréal, Alexandre est amnésique dans Mémoires affectives, Jeanne et Simon croient leur père mort dans Incendies. Dans Les invasions barbares, le père reste éternellement comme un enfant immature, si bien que le fils joue le rôle de protecteur pour son père. La narration du roman familial s’y trouve ainsi inversée. Après le parricide, Alexandre intériorisant à son insu l’imago du père despotique devient alcoolique et brutal. Le père d’Alexandre est donc figuré comme le père primitif qui, bien que assassiné, revient et règne avec plus de persistance sur la conscience du fils. Dans Incendies, Nihad, étant à la fois fils et père, commet le meurtre symbolique du père en violant sa mère. En répercutant ainsi le destin d’Œdipe, il représente un père reproduisant la structure de la violence.

Le symbole du père comme centre de la famille est déconstruit dans nos trois films. Nous y trouvons une sorte de famille nomade où il n’y a pas de pouvoir paternel centralisé. Rémy, malade du cancer, dont le phallus a été nié, est en chute en tant que père. La famille basée sur les liens du sang est détruite dans Les mémoires affectives et Incendies et on y trouve la naissance d’une nouvelle famille sans nom du père. Cette famille, au lieu de vouloir à tout prix conserver des droits ayant été acquis par le passé, est ouverte au mouvement, en contact avec les autres et les autres peuples. Elle n’a pas de frontière ni de fixation.